Photo du spectacle Les (pas tant) petits caraoquets (de conserve)

Un regard sur « Les (pas tant) petits caraoquets (de conserve) »

 

La Compagnie des Gentils a fait chanter toute la salle de l’Espace 140 avec son spectacle de karaoké théâtral Les (pas tant) petits caraoquets de conserve lors de la représentation du jeudi 30 mars. Un beau spectacle participatif et un pari largement réussi.

Les artistes entrent en scène et, d’emblée, ils nous embarquent dans un univers fou et brillant d’ingéniosité. Tout de suite, vient l’envie de faire partie de cette famille Gaillard haute en couleurs. Il y a la mère avec sa voix rauque et gentiment provocante qui nous prévient qu’on a plutôt intérêt de chanter avec eux. Il y a la grand-mère et son mutisme hilarant qui interprète toutes les musiques au piano. Il y a le fils, débordant d’une naïveté touchante et du désir de bien faire lorsqu’il change de costume à chaque chanson pour mieux nous illustrer ce que celles-ci racontent. Et il y a l’oncle et la tante, incroyables personnages « porte-paroles », qui mettent tout en œuvre pour le bon déroulement du karaoké familial.

C’est dans un joyeux bazar de décor que les comédiens nous invitent à réinventer avec eux le karaoké. Mur de boîtes de conserve, bonhommes de neige lumineux, portant dégoulinant de costumes de toutes les couleurs, et au milieu, le fameux accumulalalateur de particules, invention de leur ancêtre et fierté de la famille. Nous sommes prévenus : il faut chanter, participer activement au karaoké théâtral, pour que la machine fonctionne et que ses lumières s’allument les unes après les autres.

Mais qu’est-ce qu’un karaoké théâtral ?

Chez les Gaillard, le karaoké use de tous les stratagèmes possibles et inimaginables pour éviter la modernité numérique. Ainsi, les paroles défilent sur les voiles d’un bateau, s’écrivent à la craie sur un tableau noir d’école, se dévoilent sur des panneaux éclairés à la lampe de poche ou s’impriment en lettres capitales sur des paires de skis. Tout est astucieux, solidement répété et imaginé, afin de nous permettre de chanter à tue-tête « Le monde est stone », « Je ne veux pas travailler », ou encore « Étoile des neige ». Les chansons s’entremêlent parfois avec efficacité, et les tableaux scéniques renouvelés à chaque musique nous emmènent toujours un peu plus loin dans ce voyage musicalement déjanté.

La mère mélange avec poésie des expressions et des proverbes tandis que le fils et son bégaiement timide ouvre la porte à des confusions comiques : c’est un spectacle qui alterne entre les rires et le chant. Les voix graves, mélodieuses, fausses, fortes, hésitantes, amusées, aiguës, nostalgiques ou entraînées du public résonnent et suivent les belles voix des comédiens-chanteurs. Les dernières ampoules de l’accumulalalateur s’allument et c’est presque avec peine, mais aussi avec entrain, que le public chante sa dernière chanson avec les Gaillard avant d’applaudir ce spectacle magique de la Compagnie des Gentils.

Pour l’équipe des Transmetteurs,
Laura Deconche