Dans les forêts de Sibérie photo du spectacle

Un regard sur « Dans les forêts de Sibérie »

En adaptant et en interprétant le roman Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, William Mesguich nous a fait entrer dans sa cabane enneigée lors de la représentation du jeudi 9 mars sur la scène de l’Échappée.

La pièce débute sur les mots de Sylvain Tesson en voix-off, tandis que la salle est toujours plongée dans le noir : « […] je me suis alors promis de m’installer quelques temps, seul, dans une cabane, dans les forêts de Sibérie […] ». Les rideaux s’ouvrent sur le comédien, seul en scène, seul à des kilomètres à la ronde au milieu du désert sibérien. Nous embarquons pour un voyage immobile mais vaste, à travers la poésie des mots de Sylvain Tesson et la voix entraînante de William Mesguich.


Entrer dans ce texte, c’est « être dans un rapport à la nature, au temps qui passe, à la beauté du monde, et à la littérature évidemment », nous précise William Mesguich lors de notre échange en coulisses. Sur scène, le comédien est tour à tour personnage et conteur : il vit et nous raconte cette aventure singulière. Nous devenons les témoins intimes des pensées du personnage et sommes invités à nous interroger avec lui sur l’ailleurs, la solitude et la force de la nature.

Les couleurs froides envahissent la scène lorsqu’il quitte sa cabane. Dehors, les hurlements du vent ou les craquements de la glace vrombissent : les éléments s’affolent et il court le risque de se perdre à tout jamais dans les tempêtes de neige. La nature s’esquisse dans toute sa puissance. À l’intérieur de la cabane, le poêle à bois prodigue une lumière chaleureuse et orangée, c’est un appel au calme et à l’introspection. La solitude du personnage est accompagnée par les objets qui peuplent sa cabane. Il y a les livres sur lesquels se questionner, les pions d’un échiquier avec lesquels dialoguer, quelques bouteilles de vodka pour un peu s’oublier, une mésange en papier ou la photo de la femme aimée pour s’encourager. Tandis que les objets et les mots des livres permettent de se raccrocher à l’idée d’une réalité matérielle, les paysages infinis du dehors incitent au lâcher prise et à la contemplation.

« C’est un texte qui, en quelque sorte, constitue une partie de qui nous sommes et il est donc nécessaire de le faire entendre », nous dira William Mesguich. Sa présence scénique et la passion des mots perceptible dans le son de sa voix nous fait entrer dans une bulle introspective et nous rend avide d’immensité. C’est un spectacle qui appelle à faire le vide, tout en nous faisant nous sentir plein.

Les jours s’égrènent à travers l’aventure solitaire du personnage. Dans un soliloque à la fois sensible, réflexif et parfois profondément drôle, il nous insuffle l’envie de prendre le temps, de voyager, de se questionner sur le rapport entre la nature et la société. L’hiver laisse place au printemps et son aventure s’achève dans la douceur ; le voyage est terminé pour nous aussi.

Pour l’équipe des Transmetteurs,
Laura Deconche